Ce chemin initiatique qui l’a mené à la gloire, Christian Dior l’a suivi jusqu’au bout. Avec un courage, une volonté et une lucidité exemplaires. De superbes livres avec des photos plus sublimes les unes que les autres ont été écrits sur lui. Des biographies fouillées et respectueuses ont aussi été publiées. Et je ne prétends pas écrire à mon tour sur lui mais bien pour lui. Pour lui dire en ce roman songe pourquoi il est l’un des hommes remarquables qui font l’honneur et la gloire de la France.
Vous me connaissez, je ne résiste pas aux ouvrages qui parlent de mode, en particulier lorsqu’il s’agit de Coco Chanel, d’Yves Saint-Laurent ou… de Christian Dior, dont j’ai toujours admiré la manière de mettre la féminité en valeur. Il faut dire aussi que, c’est un signe, ayant les mêmes initiales que lui, mon monogramme est le même que le sien, ce qui, on est bien d’accord, est le chic ultime. Comme j’aime aussi beaucoup Francis Huster, cet ouvrage ne pouvait pas décemment m’échapper.
Difficile de le résumer. Il ne s’agit pas d’une biographie, mais d’un portrait, consacré largement aux dernières années de la vie du créateur, et au cours duquel l’auteur, tout en faisant l’éloge du génie, fait aussi son propre portrait.
Il y a dans ce livre des pages lumineuses sur la création, le génie qui a su mieux que personne sublimer la Femme, sur la sensualité qui se dégage de ses robes, mais aussi sur l’homme, fragile et plein de failles, mais déterminé à prendre son destin en main. Il y a beaucoup d’amour, pour Christian Dior, mais aussi pour la féminité, celle qui s’assume. La couture est ici vue comme un art, Huster tisse de nombreux parallèles avec la littérature et le théâtre, Dior devenant alors tour à tour le Racine, le La Fontaine et le Jouvet de la mode. Il y a donc ici de très belles choses, très touchantes, dans une progression rhizomatique et non chronologique. L’idée centrale est celle des liens, des coïncidences qui relient le destin de Huster et celui de Dior (ou l’inverse) : des dates, des lieux, des gens — l’idée est jolie. Malgré tout, c’est parfois, malheureusement, un peu tiré par les cheveux et artificiel, et c’est à mon sens le défaut de ce qui aurait pu être un magnifique livre, qui du coup n’est que très bon (ce qui est déjà pas mal) : Huster, notamment au début, nous parle un peu trop de lui, de ses souvenirs d’enfance, de sa maman couturière, de son copain Patrick Dewaere, mais de manière pas tout à fait assumée, puisqu’il le fait sous couvert de parler du couturier. Du coup, l’ensemble manque parfois d’équilibre, de cohérence, et finit un peu par tourner en rond.
Néanmoins, malgré ces défauts, je le recommande chaudement à ceux et celles qui ont envie de rêver poétiquement sur le destin et les création de celui qui reste sans aucun doute l’un des plus grands maîtres de la Haute Couture !
Et Dior créa la femme
Francis HUSTER
Cherche-Midi, 2012
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